Sculpture du manche

 

La forme du manche est déterminante pour l’aisance de la main gauche. Le luthier donne au manche par le choix des épaisseurs et du profil, le confort de jeu pour le guitariste mais aussi la rigidité nécessaire qui doit permettre au manche de supporter 40 Kg de tension sans fléchir au fil des ans.

La mise en forme du manche est la dernière étape avant le vernis de la guitare. Si le talon a été sculpté avant l’assemblage du manche sur la caisse, le manche quant a lui est resté jusqu’ici à l’état d’ébauche. Sa section rectangulaire permet tout au long de la fabrication de maintenir la guitare dans l’étau. Ainsi, on préserve le manche du risque d’être marqué par un serrage trop puissant et la guitare peut être placée dans toutes les positions.

L’acajou du Honduras du genre Swietenia est choisi pour sa stabilité, sa rigidité et sa faible densité. C’est aujourd’hui un bois rare.

Toutes les espèces de Swietenia apparaissent depuis 2002 sur la liste des espèces en danger de la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction, connue par son sigle CITES.

La touche en ébène de 7mm d’épaisseur participe à la rigidité du manche. Sa forte densité lui donne la dureté nécessaire pour résister au contacte des cordes et des doigts. Elle est ici issue d’un stock de bois de 40 ans de séchage naturel.

Le manche est mis à épaisseur. Une mesure est prise avec le comparateur à la 1ère case : 22 mm et à la 8ème case : 23 mm. On veille à préserver l’angle à 90° avec les champs en cours de travail.

Le schéma représente une coupe du manche à la 1ère et à la 8ème case. On créé dans un premier temps un chanfrein à droite et à gauche du centre pour réaliser une ébauche de la forme du manche.

La flèche rouge désigne la surface plate du chanfrein réalisé à la vastringue plus bas.

L’axe du manche ainsi que que le tracé selon le schéma sont reportés sur le manche.

Le chanfrein est ébauché au ciseau à bois puis finalisé avec la vastringue.

On trace 4 nouveaux chanfreins de 5mm de large pour obtenir une section de manche à 9 facettes.

La caisse est maintenu dans un support et repose sur la table.

La volute de la tête est sculptée au couteau.

L’ébauche est achevée.

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Les facettes de l’étape précédente sont nivelées avec la vastringue à semelle concave.

Le manche est poncé du grain 150 jusqu’au 400.

On aura veillé à contrôler l’alignement du manche en différents points tout au long de la mise en forme. Pour l’aisance du guitariste dans l’aigu, le dos du manche ou la « poignée » est façonné de manière a être parfaitement rectiligne de la 1ere à la 10em frette.

Sylvain Balestrieri

–Luthier–