Le chevalet est une pièce majeur, déterminante pour le bon fonctionnement de la guitare. Il permet le transfert de la vibration apportée par la corde à la caisse. Sa rigidité, son poids et ses dimensions conditionnent la sonorité de la guitare.
Le chevalet à plusieurs fonctions. Il permet en premier lieu la fixation des cordes sur la caisse, il transmet la vibration de la corde et enfin, il rigidifie la table d’harmonie. Il doit donc être conçu pour fonctionner en cohérence avec la table et son barrage.
On peut noter 3 modes de vibration du chevalet. Il se déplace de haut en bas d’un seul tenant, il pivote de droite à gauche et enfin oscille d’avant en arrière en direction des cordes tendus. Les mouvements du chevalet sont identiques aux 3 principaux modes vibratoires de la table d’harmonie.
La table vibre de haut en bas selon le premier mode ou mode fondamental. Elle se déforme de droite à gauche le long de l’axe central ; lorsque la table côté grave se relève, la table côté aigu se creuse. Enfin elle ondule sur l’axe du chevalet, l’élongation de la corde faisant osciller le chevalet d’avant en arrière. Ces 3 modes sont respectivement le monopole, le cross dipôle et le long dipôle.
Pour créer un son complexe, l’un des enjeux majeur pour le luthier est de trouver un équilibre entre ces 3 principaux modes, sans donner trop d’importance à l’un ou à l’autre.
Le luthier peut agir sur plusieurs caractéristiques du chevalet. L’angle que forme la corde sur le sillet entre la portion vibrante et la portion ligaturée sur le cordier, détermine la tension apporté sur la table. Si l’angle est important, le barrage et la table d’harmonie doivent être suffisamment rigides pour supporter la déformation. En effet, sous l’effet de la tension des cordes : 40kg en moyenne, la table se creuse devant le sillet et se bombe derrière le chevalet.
La rigidité des ailes ensuite influence la mise en place de modes vibratoires de type cross dipôle.
Si le chevalet n’est pas trop raide, il peut favoriser une certaine souplesse transversal qui permettra plus d’indépendance dans la vibration de la partie droite et gauche de la table.
Le poids du chevalet a aussi son importance. Un chevalet léger peut aider à donner de la spontanéité à la guitare et transmettra plus aisément les fréquences aigu apportées par la corde.
Usinage à la scie circulaire.
Après avoir été calibré aux dimensions : 8mm de hauteur, 27mm de largeur et 180mm de long le chevalet, ici en palissandre est usiné avec la scie circulaire. Cette première rainure permet de dégager l’arrière du cordier. En avançant le cordier de 2mm du bord du chevalet, on augmente l’angle entre la portion vibrante de la corde et l’attache sur le cordier.
Réalisation du logement du sillet et du cordier.
La rainure qui recevra le sillet plus tard est usinée avec une petite fraiseuse. Il est à noter que la rainure est inclinée pour des raisons de justesse. La longueur vibrante du coté des basses est augmentée, de manière à compenser la sur-tension exercée sur la corde lorsqu’elle est mise en contact avec la frette. La position du sillet est reculée de 1mm dans les aigus et de 2 mm dans les basses par rapport à la position définie par le positionnement mathématique des frettes.
Ajustement de la semelle.
La semelle du chevalet doit précisément correspondre à la voûte de la table d’harmonie au moment du collage. Elle est ajustée à l’aide d’une calle de ponçage identique au rayon de courbure de la table. La règle permet ici de visualiser la voûte.
Sciage des ailes du chevalet.
Les ailes du chevalet sont délimités du cordier. Guidée par un bloc d’acajou, la scie japonaise permet de réaliser une découpe fine ( 0,4mm) et perpendiculaire.
Ébauche des ailes du chevalet.
Les ailes du chevalet sont dégrossis avec la scie à ruban. Le tracé est effectué avec une pointe à tracé puis le sillon est mis en évidence en avec de la craie.
Sculpture du cordier.
Le cordier est délimité du reste du chevalet. Il est nécessaire de dégager le passage de la corde, d’abord avec un ciseau à bois puis au racloir. Afin que la transmission de la vibration soit optimal, le contact de la corde ne doit se faire qu’avec le sillet.
Façonnage des ailes.
Pour réaliser une courbure symétrique, on trace l’axe puis deux ligne de part et d’autre afin de réaliser deux chanfreins. Les angles sont ensuite adoucis et les ailes parfaitement arrondis. Des mesures d’épaisseur sont prises régulièrement.
Fabrication de la plaque décorative du chevalet.
La plaque en os est ajourée au centre avec une scie de joaillier à denture fine puis ajustée à la lime pour recevoir la partie centrale également en os et décorée par un filet.
Incrustation du filet en collier de perles.
un motif en collier de perles ( alternance de points noir et blanc de 3/10 de millimètres de côté ) permet de donner un rappel de la rosace qui emploie aussi ce même motif. Il est incrusté dans la plaque décorative du chevalet et est délimité par le passage des 2 cordes de mi.
Collage de la plaque du chevalet.
Le cordier est réduit de 1mm de hauteur puis la plaque décorative en os incrustée est collée en place. La plaque du chevalet à aussi une fonction utile en limitant le cisaillement du cordier par la corde du à l’angle donné par la hauteur du sillet.
Perçage du chevalet.
Le chevalet est percé avec la perceuse à colonne, muni d’un foret de 1,5 millimètres. L’entraxe du mi grave au mi aigu est de 57 millimètres.
Finition des ailes.
La précision de la réalisation du chanfrein à chaque extrémité du chevalet donne du relief et son élégance au chevalet. La symétrie ne peut être parfaite que si les étapes précédentes de mise en forme des ailes ont été correctement exécutés.
Sylvain Balestrieri–Luthier–